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Docteur en histoire moderne et contemporaine de l’université de Poitiers en France, mes recherches portent sur les sociétés rurales africaines en situation de sédentarité et de migration internationale dans la longue durée. Mes zones d'études et de recherches sont essentiellement la ville de Bakel (Sénégal) et la région parisienne (France). Depuis octobre 2017, je suis professeur d’histoire-géographie à l'Académie de Créteil (France). Parallèlement à l’enseignement et à la recherche, je m’engage dans la vie associative. Je suis en effet le chargé de la communication de l'Association des Jeunes de Bakel en France et le président de la Commission scientifique de l'Association des Anciens de l'Ecole primaire Ibrahima Malal Diaman Bathily de Bakel (ex-école régionale).

Parcours de Monsieur Abdoulaye BOMOU, le directeur de la Radio Djida Fm de Bakel (Sénégal)

Le choix de me pencher sur le parcours de Monsieur Abdoulaye Bomou repose sur trois principales raisons. D’abord, la Radio Djida qu’il dirige fête en ce moment ses activités annuelles d’intégration sous-régionale. La deuxième motivation est scientifique. Il se trouve que je me m’intéresse dans le cadre de ma recherche doctorale à l’histoire des familles artisanes de Bakel et sur le devenir des générations actuelles issues dédites familles. Enfin, ce texte est pour moi une manière de rendre hommage à une personne dont le hasard de la vie a fait que son petit frère de sang se trouve être un de mes meilleurs amis. J’y ai passé toute ma jeunesse dans leur concession à Bakel.

Néanmoins, il est impossible comprendre le parcours scolaire et professionnel d’Abdoulaye Bomou, son engagement politique, son amour pour le métier de la communication et pour son terroir sans le mettre en lien avec sa trajectoire sociale, familiale et géographique. Sans dégager ma responsabilité, il est important de préciser que le continu du récit suivant est tiré d’entretien nous avons eu avec l’intéressé lui-même à la journée du 26 août 2013 de 11heures à 13 heures dans son bureau de la Radio Djida à Bakel. Par conséquent, je ne cherche pas à faire une propagande politique encore moins à faire une publicité tapageuse dont l’homme qui n’en a pas besoin. Ces lignes émanent d’une simple volonté de rendre hommage à un self made man.

Abdoulaye Bomou hérite, de par son appartenance sociale, au clan des artisans (niaxamala). Deux traits caractérisent ce groupe social : l’exercice d’un métier traditionnel et la suivie systématique de la règle endogamique. Et ses racines familiales se situent à Diawara (village situé à quelques encablures de Bakel). Son père Mamadou B. Bomou et sa mère Maimouna Boulaye Diakhité appartiennent à des familles de forgerons. Jusqu’années 1960, la forge représentait en milieu soninké non seulement une source de revenus mais véhiculait l’image mystique de la crainte.

Abdoulaye Bomou est né en 1975 à Tuabou, un village de sa grand-mère feue Daado Demba Gadjigo (décédé en 1983) auprès de qui il avait grandi d’ailleurs. Cela peut étonner puisque ses parents sont tous les deux de Diawara. En fait, son père feu Mamadou Bomou, né à Diawara, fut un ancien migrant en Côte d’Ivoire. Il exerçait le métier de forge et de bijouterie. C’est après plusieurs années qu’il était rentré au Sénégal en 1975 contrairement à son frère cadet Samba resté en Côte d’Ivoire définitivement. Au lieu d’aller à Diawara où la concession paternelle était petite, son père acheta deux maisons à Bakel et s’y installa définitivement avec ses deux épouses. En vérité, le choix de Bakel était loin d’être gratuit. Feu Mamadou Bomou avait grandi à la famille Sambakhé où il était initié à la forge.

A son retour de Côte d’Ivoire, feu son père Mamadou décida de vivre à Bakel avec ses épouses et ses enfants sans tout de même rompre le lien avec le village de Diawara. Ainsi sa progéniture faisait des va-et-vient entre Bakel et la terre de leur père. Abdoulaye avait bénéficié de toute l’affection qu’un petit fils peut avoir de la part d’une grand-mère. Cette dernière l’avait bercé et vraiment choyé. Sa mère Maimouna Boulaye, née en 1948, cousine de son père, était une fille unique. Elle avait perdu son père Boulaye Saly Diakhité depuis tout petite. Elle s’était retrouvée entre les mains de son oncle feu Demba Saly Diakhité qui était vraiment un père pour elle. D’ailleurs, ce dernier était à l’origine du mariage entre ses parents (neveu et nièce), un mariage reposant non seulement sur la volonté parentale mais qui n’a pas dérogé à la règle endogamique. Maimouna était et est le modèle typique de femme modeste, soumise et attachée à ses enfants et à la famille.

Abdoulaye naquit dans un environnement familial modeste. Et son adolescence mouvementée d’Abdoulaye se passa entre Diawara, le village de ses parents, Tuabou, le village de sa grand-mère paternelle et Bakel, la ville d’installation de son père. Abdoulaye était né dans une grande concession et dans une fratrie relativement nombreuse. Il y occupe les positions plus ou moins contraignantes de cinquième garçon de son père et le troisième garçon de sa mère.

C’est à l’âge de sept ans qu’il entra en classe de C.I avec par le biais de feue Sindinké Kanté, devenue d’ailleurs sa première enseignante, celle qui lui a fait la classe. C’est après le décès de sa grand-mère qu’il était venu rejoindre sa mère et ses frères et sœurs à Bakel. Il s’inscrit à l’école Ibrahima Malal Diaman Bathily (ex-école régionale) où il passa les classes de C.P jusqu’au CM2. Après avoir obtenu son certificat et son entrée en sixième en 1989-90, il alla au Collège Waoundé N’diaye où il fait la 6e. . Il y resta jusqu’en troisième en 1994. Au collège Waoundé N’diaye, Abdoulaye fut un dirigeant de grève. Son charisme était tel qu’il avait rencontré l’ancien Ministre Djibo Kâ. Il lui présenta le mémorandum des élèves pour que la situation du Collège liée au manque de Professeurs puis être décantée. Un leader était né pour ainsi dire. Mais un moment de tristesse l’envahit avec le décès de son père en 1992.

En1994, Abdoulaye Bomou se rend à Dakar pour faire le lycée et affronter Dakar, cette ville socialement dangereuse faisant peur à tout jeune campagnard. Heureusement qu’il a avait été accueilli et assisté par ses oncles maternels Samba et Bakary aux Parcelles Assainies. Dans la maison, il y avait d’autres étudiants et jeunes candidats à la migration. Il s’inscrit au Lycée Limamou Laye et y fait la Seconde, la Première et la Terminale de 1994 à 1997. Il obtient un Bac A3 et en même temps une préinscription pour se rendre en France. Il devait passer une formation en médiation culturelle. Mais un tel projet qui ne se réalisa pas. Pourtant, son objectif était de décrocher un travail pour venir en aide à la famille particulièrement à sa maman. C’est pourquoi il voulait faire un métier de la communication. La pression familiale avait lourdement pesé sur la carrière scolaire et universitaire d’Abdoulaye. A cause de la grève de 1997, il n’avait pas pu passer le concours du Cesti. Son rêve était de faire en formation en journalisme. Orienté en philosophie, il attendait son deuxième choix pour se tourner vers le Droit.

C’est en 1998 qu’Abdoulaye Bomou se frotta à la vie universitaire en s’inscrivant à la faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Dakar. Malgré sa passion pour la communication, c’est le Droit qui façonna finalement sa personnalité. Il n’était pas trompé de choix. Bon parolier, il avait été conseillé par ses ainés juristes Demba Traoré (actuel procureur de la République), Demba Diallo (employé à la Banque Islamique de Développement) et Diadié Diallo (juriste). Il obtient sa licence en Droit des Affaires en 2000. Parallèlement, il s’inscrit à Idicatel pour faire une formation en journalisme. A côté de son parcours scientifique, Abdoulaye Bomou se retrouva à la tête de l’Union Départementale des Elèves et Etudiants de Bakel dont il fut un des initiateurs.

Son contact avec Abdoulaye Bathily était régulier. En vérité, Abdoulaye Bathily était son idole. Il l’avait fréquenté depuis tout petit et était militant à la Ligue Démocratique. Bathily lui promet de l’amener en France après les élections de 2000. A Bakel, Abdoulaye Bomou s’appuya sur l’Union des Elèves et Etudiants du Département de Bakel pour donner un coup de pouce à Bathily. Lors que la victoire politique arriva, Bathily lui proposa la direction de la Radio Djida à la place de la promesse du voyage en France. Il le dissuade au retour d’aller continuer ses études à l’étranger mais lui demande de rester au Sénégal. Son oncle Samba lui proféra le même conseil.

C’est après les élections sénégalaises de 2000 qu’Abdoulaye Bomou devient le directeur général de la Radio Djida Fm. Le Sénégal venait de traverser un événement politique historique. Après quarante ans au pouvoir, Abdoulaye Wade, porté par une large coalition dans laquelle figurait Abdoulaye Bathily, arriva au pouvoir. Très jeune, il prend les commandes de la Radio Djida le 1e juillet 2001. Après plusieurs formations en communication à Ouagadougou (Burkina) et d’autres pays africains, il dirigea d’une main de fer la Radio Djida. Il intègre un projet dit Plan Radio Afrique du Ministère de la Coopération Français confié à la Radio France Internationale. Cette belle expérience lui donne l’occasion d’apporter du sang neuf à la Radio Djida. Un nouveau style de management et des programmes originaux étaient engagés. Son jeune âge puis qui se heurta aux ainés déjà sur place. Il fait alors de l’intégration sous-régionale son défi majeur. L’inspiration était venue des événements 1989, dont il fut témoin oculaire à Diawara. La Radio Djida avait donc pour ambition de rapprocher les populations du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. La position géographique de Bakel rendait possible ce défi. C’est pourquoi dès son arrivée il fait une tournée dans plusieurs localités. La Radio communautaire n’ayant pas de fonds, il créa des correspondants locaux auprès de qui étaient communiqués les avis et décès. Il met en place le club des auditeurs chargés de réunir les critiques et suggestions des auditeurs dans chaque village. Dans ce chaque village des trois pays, il un créa des télé-centres qui portent les noms de Djida Fm.

Abdoulaye Bomou est aujourd’hui un membre actif de la Convention des Cadres de Bakel. Il se manifeste également dans plusieurs projets concernant la région de Bakel et les Soninké. En vérité, la vie d’un homme ne pouvant pas être retracée en quelques lignes, nous avons juste essayé de synthétiser. Je remercie Monsieur Abdoulaye Bomou, qui est un frère de son sang pour moi pour son ouverture d’esprit. Je salue son courage, sa rigueur, son goût du travail bien fait et son dynamisme au service de sa communauté. Je lui souhaite une longue vie et une santé de fer. Amine !

Saliou Dit Baba DIALLO

Laboratoire Migrinter, Université de Poitiers (France)

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P
un exemple pour toute une generation j'aime bien l'homme sa volonté de faire avancer les choses de changer les mentalités son devouement au travail k'allah veille sur vous amine
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